sylvie kaptur gintz |

 

L'autre //2014

Installation // chaise -miroir - fil barbelé(dimension variable) // photo photo © Benoit Moyen et Deborah Gintz

Et c’est encore à la lutte pour la pensée, cette pensée éthique qui ne doit jamais faillir, comme une perpétuelle idée directrice, comme loi, impliquant une vigilance de tous les instants, que nous invite Sylvie Kaptur-Gintz avec cette œuvre minimaliste mais redoutablement efficace, “ l’Autre”, présentée à la Maison de la Littérature de Lodz. Ici, une chaise, sur laquelle chacun pourra s’asseoir, devant un miroir, dans lequel chacun pourra se refléter. Entre les deux, un fil barbelé, simple objet évoquant de facto tout un pan de l’histoire, encore vivace. Par ce dispositif, l’artiste met en abîme la proposition du philosophe Emmanuel Levinas : «  Le moi, devant autrui, est infiniment responsable. »- Emmanuel Levinas – Ethique et infini, éd. Fayard, 1982. Retournant d’abord la proposition du philosophe en faisant du visage de l’autre – premier chez Levinas- le reflet de mon propre visage, elle interroge ensuite le sens profond de cette responsabilité, jouant à la fois sur le sens commun (pouvoir « se regarder dans la glace ») et la notion de réciprocité (mon visage est l’autre visage pour autrui et inversement). Elle nous invite ainsi à expérimenter, dans ce jeu de miroir, ce moment fondateur et fondamental, la découverte de notre propre épiphanie, celle d’un visage humain, le nôtre, comme point de non-retour du sentiment éthique, inscrit au cœur de la véritable histoire de l’humanité.

Marie Deparis-Yafil (extrait du catalogue "Textus, l'invisible trame")

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